[Lecture] Le Thriller érotique par Linda Belhadj

Evocation d’une époque déchue : 1980 – fin 1990, où régnaient amnésie politique, culte du corps et puritanisme, Le Thriller érotique de Linda Belhadj propose in extenso de déblayer cette niche du genre dont le représentant légal est Basic Instincts de Paul Verhoeven.

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« Nous sommes des animaux », a dit un jour Peter Weller dans Cat Chaser. « Et quand on commence à zapper ce point de détail, les ennuis arrivent ». A l’évidence, les personnages du Thriller érotique sont précisément dans ce cas, à l’image des politiciens d’ailleurs, et de l’opinion publique. L’Amérique cache ses vétérans et devient obsédée par la figure du héros masculin fort, bien bâti, herculéen, qu’elle n’a au final jamais eu au Vietnam. Ronald Reagan est élu président et le cinéma oscille entre Terminator et les déclinaisons « érotiques » suivantes : mélodrame, drame, thriller, néo-noir. En visionnant les films de ces catégories non-stop pendant 13 semaines, Linda Belhadj est arrivée à la conclusion selon laquelle le Thriller érotique a existé mais ne correspond pas à ce que l’on pense. Il a été le reflet de l’industrialisation bestiale du film hollywoodien, de l’opportunisme des Majors et des surenchères artistiques, jusqu’à son essoufflement. Mais, étonnamment, il a également été le moyen de démontrer que le sexe pouvait être considéré comme un élément narratif, vecteur de sens et non pas prétexte.

 

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Les films

Peu nombreux : Basic Instinct, Jade de William Friedkin, Body of Evidence d’Uli Edel (avec Madonna), Fatal attraction d’Adrian Lyne, The Crush d’Alan Shapiro, Disclosure de Barry Levinson et, entre autres, Killing me Softly, sorti en 2002, qui est donc un néo-thriller érotique.
Ensemble, ils dessinent une sociologie qui moule la finalité masculine dans le corps de la femme-trophée, mariée, ou possédée. En ligne de mire également : la femme carriériste et célibataire, l’ultime récompense. De l’autre côté, les hommes peuvent être jugés mous ou indignes, tantôt spectres de Jimmy Carter ou de Bill Clinton, selon l’année.

Premier ouvrage solo, 220 pages et presque autant d’illustrations, Le Thriller érotique donne envie de voir ou revoir des dizaines de films en suivant la narration et la chronologie, comme un voyage Jet Tours des années dinguos, d’une scène de sexe intrigante à une autre.

Sina Regnault

 

 

 

 

 

 

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